Comment soutenir et encourager le « made in France » ?
Avec les crises récentes, surtout alimentaires, l'Europe change enfin de position sur le marquage d'origine des produits, se satisfait Robert Rochefort
L’Europe s’apprête enfin à bouger sur le marquage d’origine des produits. Très longtemps oppose à tout label national au nom d’un « libre échangisme » très idéologique, les crises récentes – surtout alimentaires – sont passées par là. Le droit pour le consommateur à savoir d’où vient le produit qu’il achète est un préalable pour restaurer la confiance.
Un texte de la Commission européenne est en cours de discussion au Parlement européen : il prévoit le libre choix dans le « Made in » entre le « Made in UE » et le « Made in pays d’origine ». Ajoutons au passage qu’il convient de dissiper une ambiguïté trompeuse avec le marquage actuel « CE » dont les consommateurs pensent qu’il certifie une production européenne, alors qu’il ne fait que garantir le respect par les industriels des norms européennes.
Soyons clair, il n’est pas question de promouvoir une culture nationaliste de la consommation. Bien au contraire, la circulation des produits et des services est une bonne chose. Mais dans le cas de la France, il faut seulement rééquilibrer ces échanges. Comme nous le disions avec François Bayrou lors de la dernière présidentielle, si chaque consommateur acceptait de modifier un achat sur dix, en optant pour un produit fabriqué en France, au lieu d’un produit anonyme venant d’ailleurs, le déficit de notre commerce extérieur serait réduit de moitié. L’activité pourrait repartir et plusieurs centaines de milliers d’emplois seraient créés sans que cela coûte un euro en dépenses publiques.
Rappelons que les USA, le Canada, le Japon appliquent depuis longtemps le marquage d’origine. Ce n’est pas une mesure protectionniste. C’est une façon de réconcilier le consommateur et le salarié. J’ajoute que je ne connais aucun pays puissant dans ses exportations qui ne s’appuie sur une fierté nationale à l’égard de ce qu’il fabrique. Nos voisins allemands excellent à cet égard.
Que doit faire le Gouvernement français pour aller dans ce sens ? Bien entendu, mettre en place les mesures qui permettent de restaurer la compétitivité de notre économie. Mais il faut aussi encourager les acheteurs dans une démarche citoyenne alors qu’une proportion croissante d’entre eux s’y déclarent sensibles. Dans la majorité précédente, à l’initiative d’Yves Jégo, un label a vu le jour : « Origine France Garantie ». Il est attribué à des entreprises qui jouent la carte du « Made in France ». Il est malheureusement insuffisamment connu, il doit être renforcé.
Un enjeu important est celui des marchés publics. L’adjudication au mieux disant doit être privilégié. Il faut pour cela sécuriser juridiquement ce choix et en garantir les critères – qualité, proximité, durabilité – afin d’éviter la peur des contentieux qui incite trop souvent à opter pour le moins disant.
Il faut stimuler l’offre. Dans tous les domaines, y compris là où il semble que les savoir-faire aient disparus, il est possible de susciter à nouveau du « Made in France ». Des entrepreneurs courageux, des PME résistantes, maintiennent ou relancent ces productions, d’abord limitées et de haut de gamme, qui ont ensuite vocation à se democratiser au moins en partie.
On peut également réfléchir à un allongement de la durée de garantie légale des produits. Rappelons qu’acheter plus cher n’est pas un mauvais choix si le produit est de meilleure qualité et dure plus longtemps. Cela va de pair avec une critique montante de la surconsommation et du gaspillage. Ce n’est pas défendre le consommateur que de faire sans cesse la promotion du low-cost et du hard discount. C’est le rapport qualité-prix qui compte y compris pour les moins aisés.